Mont Saint Michel, Une baie nourricière (Rivage)

Synopsis

Quand on parvient aux hauteurs paisibles du Mont-Saint-Michel pour un bref séjour, on est d’emblée saisi par la force ambiguë de la baie qui l’entoure. Cet espace horizontal infini où rien n’accroche le regard semble être le domaine du vide, figé depuis toujours dans une apparente immobilité. Pourtant, il n’en est rien car il est soumis à une vertigineuse juxtaposition de mouvements et de rythmes. Le rythme cosmique de ses marées – les plus fortes au monde – qui impulsent par leur brassage une productivité biologique extraordinaire.

Face à la pression touristique sur le littoral et ses enjeux économiques, on a lancé le chantier du Mont-Saint-Michel pour lutter contre l’ensablement naturel de la baie et restaurer son caractère maritime. Parallèlement, l’arrivée de nouveaux résidents, l’aménagement des milieux naturels pour les loisirs et le surcroit de fréquentation par les randonneurs de zones jusque là délaissées constituent de nouveaux risques de perte d’identité pour la baie.

La diversité des acteurs convergeant autour de la baie - pêcheurs, ostréiculteurs, mytiliculteurs, bergers, agriculteurs, professionnels du tourisme, gestionnaires – avait suscité une grande diversité de points de vue. Aujourd’hui le nouveau chantier oppose à la vision utilitaire des professionnels de la mer celle d’une nature fantasmée par les consommateurs de paysages maritimes A une logique de production biologique séculaire succède aujourd’hui une logique de production d’image, autre temps, autres perceptions ! Si elle est encore globalement en équilibre, car préservée de toute urbanisation ou industrie, l’avenir de cette baie en mouvement, fragile et très réactive, dépendra du regard que les hommes porteront sur elle.